Skip to main content
Emergency response in Kwamouth 20

Violences dans le Mai-Ndombe : après Kwamouth, MSF également mobilisée à Bandundu

Responding to war in Ukraine
Learn more

L’explosion de violences survenue en août de cette année dans le territoire de Kwamouth, dans le Mai-Ndombe, a poussé MSF à dépêcher une équipe d’urgence pour prendre en charge les malades, les blessés et les déplacés. Seule ONG humanitaire sur place depuis près d’un mois, MSF maintient sa présence tout en réorientant aujourd’hui une partie de son appui vers Bandundu, où les violences perdurent de façon inquiétante.

Maisons incendiées, individus assassinés, messages de haine et de vengeance, barrages routiers destinés à intercepter ceux considérés comme ‘ennemis’… Les affrontements communautaires survenus dans le territoire de Kwamouth ont fait le tour de l’actualité congolaise et internationale ces dernières semaines. Et poussé à la fuite des milliers de personnes, beaucoup traversant la rivière Kwa pour trouver refuge dans le territoire de Bolobo.

« Quand nous sommes arrivés sur place, nous avons trouvé des milliers de déplacés qui vivaient dans des conditions déplorables, sans abris, sans accès à l’eau potable ou aux sanitaires », se remémore le Dr Dieya Papy, responsable médical de l’équipe d’urgence de MSF. « La zone est marquée par une forte prévalence du paludisme, et les conditions de promiscuité favorisaient les risques de maladie. Il fallait donc aller vite. »

Répondre aux besoins immédiats

Dès le 24 août, la petite équipe d’urgence de MSF était à pied d’œuvre à Kwamouth pour répondre aux besoins urgents des populations affectées par ces événements, tout en essayant de mobiliser d’autres acteurs et d’atteindre les patients qui s’étaient retirés en forêt, dans un contexte de tensions très palpable.

« Notre priorité a été de transporter les blessés graves vers Kinshasa, et d’améliorer tant bien que mal les conditions de vie sur les sites : installation de latrines et de points d’eau, distribution de moustiquaires, de savons, de tablettes de désinfection de l’eau… », poursuit le Dr Papy. « L’accès aux soins était extrêmement réduit dans la zone, et nous avons donc fait des donations à des structures de santé tout en lançant des cliniques mobiles sur les sites de déplacés à Simbambili et Sokoa. »

Réponse d'urgence à Kwamouth
Consultation dans la petite clinique mobile MSF construite sur le site IDP de Socoa (Ferme Lenga-Lenga), situé à 10 minutes en pirogue de Kwamouth.
Johnny Vianney Bissakonou/MSF

En trois semaines, plus de 750 consultations, à travers les cliniques mobiles, ont ainsi été menées par les équipes de MSF appuyées par deux infirmiers du Ministère de la Santé, principalement pour prendre en charge les cas de paludisme et d’infections respiratoires. Une dizaine blessés graves ont été transportés vers Kinshasa par bateau et par la route.

Des patients traumatisés par les violences    

Le niveau des violences qui ont affecté le territoire de Kwamouth a, logiquement, traumatisé une bonne partie de la population.

Astrid*, 11 ans, fait partie des personnes qui seront marquées à jamais par les récents événements.

« Quand j’ai entendu les coups de feu, je me suis enfuie avec ma sœur chez notre tante », explique-t-elle. « Mais là, des hommes nous ont menacés avec leurs armes pour que nous leur montrions des maisons habitées par [la communauté qu’ils pourchassaient]. Ils disaient qu’ils allaient tuer ma petite sœur si nous ne le faisions pas. Alors, nous leur avons indiqué la maison d’en face. Ils y ont tué deux enfants… »

Joel-Christopher Bolombo, psychologue MSF « A côté des soins classiques, il était donc essentiel de les aider à exprimer leurs ressentis par la parole ou le dessin. Ce type d’événement laisse des traces invisibles qu’il faut tout autant considérer. »
Réponse d'urgence à Kwamouth

Des patients comme Astrid, Joel-Christopher Bolombo en a vu plusieurs au cours des dernières semaines. Depuis l’arrivée de MSF sur place, ce psychologue MSF a suivi près de 25 patients traumatisés. « Certains patients sont pris de cauchemars, développent une méfiance qu’ils n’avaient pas avant par rapport aux autres communautés, des signes de dépression ou des sentiments de culpabilité », explique-t-il. « A côté des soins classiques, il était donc essentiel de les aider à exprimer leurs ressentis par la parole ou le dessin. Ce type d’événement laisse des traces invisibles qu’il faut tout autant considérer. »

Renforcement de l’appui MSF vers Bandundu

Mi-septembre, la situation sécuritaire semblait s’être améliorée dans la ville de Kwamouth, les affrontements s’étant déplacés vers l’est, notamment sur l’axe allant vers la ville de Bandundu. 

« La semaine dernière, nous avons dépêché une équipe mobile sur cet axe routier pour évaluer les besoins, et avons immédiatement trouvé des blessés graves à référer vers Kinshasa », poursuit le Dr Papy. « La situation sur cet axe reste extrêmement tendue et nous avons donc décidé d’y renforcer notre présence. Hier encore, nous avons pu voir de nos yeux des villages brûlés et des gens massacrés, dans une logique d’attaques et de vengeance qui nous inquiète au plus haut point. Nous avons donc décidé d’accroître notre présence vers Bandundu afin de porter assistance aux déplacés, répondre aux besoins médicaux urgents et évaluer la situation. »

Si MSF a pu mettre fin à ses cliniques mobiles sur Kwamouth, la situation sur place reste tendue, comme l’a montré une attaque survenue non loin de la ville ce mardi. MSF a pris en charge les premiers blessés au niveau de l’hôpital général de Kwamouth. A ce stade, MSF a décidé de maintenir une présence sur place pour pouvoir réagir en cas de nouvelle flambée de violence et de besoins médicaux.

Ce n’est pas la première fois que MSF intervient dans le Mai-Ndombe suite à des affrontements de ce type. Suite aux terribles affrontements entre communautés Tende et Nunu survenus à Yumbi en décembre 2018 – qui avaient causé la mort de centaines de personnes en quelques jours à peine – MSF avait appuyé l’hôpital général de référence, mettant en place une salle de pansement spécifique pour traiter les blessés, tout en organisant des cliniques mobiles.