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DRC. Emergency intervention in Miniova and Kalungu (South Kivu)

Sud-Kivu, un taux de mortalité affolant

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Les femmes et les enfants composent en grand majorité le flux des personnes déplacées dans les aires de santé de Mushunguti, Ramba et Bushaku dans le Sud-Kivu. Entre l’épreuve de la route et les conditions de vie sur les sites, elles tombent rapidement malades : diarrhée, infections respiratoires aiguës, parasitose intestinale, … les maladies prolifèrent. Après un premier dépistage de la malnutrition auprès de 362 enfants, 15 d’entre eux ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë sévère.

L'afflux de personnes déplacées met le système de santé à rude épreuve. Le poste de santé de Katasomwa est tenu à bout de bras par un personnel motivé, mais dépourvu de moyens. « Les femmes déplacées évitaient le centre de santé car elles n’ont pas d’argent pour payer les soins, » raconte Esther Isabayo Benimana, infirmière titulaire.

La situation catastrophique qui prévaut dans ces aires de santé a justifié l’intervention de Médecins Sans Frontières, venu de Bukavu pour apporter une aide humanitaire d’urgence aux personnes vulnérables de la région. La priorité a été de répondre aux besoins médicaux, selon David Namegabe, référent médical 

« On a ciblé les populations au sein desquelles le taux de mortalité était le plus élevé. Nous avons constaté que c’était notamment les enfants de 0 à 15 ans et les femmes enceintes, avec un fort taux de mortalité maternelle dans la communauté. Nous avons aussi ciblé toutes les urgences médico-chirurgicales, qui sont l’autre cause principale de décès au niveau de la communauté et de la structure (de santé). »

En parallèle, les équipes logistiques de MSF réhabilitent le poste de santé de Katasomwa ainsi que les autres structures sanitaires des aires de santé de Mushunguti, Ramba et Bushaku.

Selon MSF, ces personnes n’ont bénéficié d’aucune vaccination depuis 2017, précipitant l’organisation d’une campagne de vaccination multi-antigène, en collaboration avec les autorités sanitaires. Dans les trois aires de santé concernées, ce sont près de 7 000 enfants qui pourront être protégés de maladies évitables, telles que la rougeole.

Roza Nyirakongomani, représentante de la communauté des pygmées « N’importe quel enfant peut voler et on accuse toute la communauté des pygmées.»
Sud Kivu : Un vol sans fin

«C’est parce que nous n’avons pas d’activités et nos filles se font violer. Elles partent le matin pour demander une compensation, mais reviennent sans rien. Elles sont prises de force et parfois on connait les gens qui ont fait ça mais on ne peut pas les traduire en justice parce qu’on n’a pas d’argent pour payer le procès. Nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes toujours oubliés. Cela nous fait mal au cœur. »

Afin de répondre aux besoins des communautés les plus isolées, MSF a identifié un membre par village comme agent de santé capable de traiter rapidement les cas les plus bénins et de référer les cas plus graves au centre hospitalier le plus proche, à Chigoma. Cela permet également de désengorger les centres de santé.

« Ici, c’est Katasomwa ! » clame Innocent, infirmier de MSF responsable de la formation des agents de santé communautaire. Après l’apprentissage de la théorie, chacun reçoit à tour de rôle cahier, stylos, bottes en caoutchouc et médicaments : un équipement de base qui permettra aux agents de santé communautaire d’améliorer l’état de santé global des membres de leur communauté.

DRC. Emergency intervention in Miniova and Kalungu (South Kivu)
MSF a lancé une intervention d'urgence à Minova et Kalungu (Sud-Kivu, RDC) pour venir en aide aux populations déplacées en raison du conflit. 
Juan Carlos Tomasi

Les tensions, l’isolement et les différents modes de vie entraînent méfiance et stigmatisation des minorités, que ce soit les personnes déplacées ou les communautés pygmées dont les droits fondamentaux sont constamment bafoués. Au-delà des besoins médicaux auxquels MSF a répondu en urgence, la protection des personnes vivant dans les aires de santé de Mushuguti, Ramba et Bushaku doit être assurée, ainsi que leur accès aux services de santé et d’éducation, à la justice et aux ressources économiques qui leur permettront d’assurer non seulement le quotidien, mais également l’avenir de leurs enfants.

Depuis le début de son intervention dans la zone de santé, Médecins Sans Frontières a mené plus de 4 000 consultations auprès des communautés autochtones, déplacées et pygmées, plus de 850 personnes ont été prises en charge par les agents de santé communautaires. Une centaine de cas de violences sexuelles ont bénéficié d’une prise en charge médicale et psychologique, plus de 6000 enfants de moins de cinq ans ont été vaccinés contre la rougeole et autres pathologies infectieuses, en collaboration avec les autorités sanitaires de la zone. D’ici la fin du mois de février, les équipes s’attèlent aussi à l’amélioration des services d’assainissement et d’hygiène, avec notamment la construction de 80 latrines et l’installation d’un réseau d’eau. La situation nutritionnelle de la zone présente également des inquiétudes, que les équipes de MSF surveillent de très près dans les prochaines semaines.