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The measles epidemic
In the DRC, the measles epidemic is taking its toll on young children, the principal victims of measles, and has been the number one reason for MSF emergency teams to intervene for years. But by vaccinating regularly and quickly when outbreaks are reported, the damage is limited.
© Michel Lunanga/MSF

Nord-Kivu : au milieu des affrontements, MSF a répondu à l’épidémie de rougeole à Masisi

In the DRC, the measles epidemic is taking its toll on young children, the principal victims of measles, and has been the number one reason for MSF emergency teams to intervene for years. But by vaccinating regularly and quickly when outbreaks are reported, the damage is limited.
© Michel Lunanga/MSF

Début juin, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) et du ministère de la Santé ont mené une vaste campagne de vaccination pour lutter contre l’épidémie de rougeole dans la zone de santé de Masisi. Plus de 100.000 enfants ont été vaccinés dans un contexte difficile, marqué par l’insécurité et des difficultés logistiques dues aux affrontements. 

Les épidémies de rougeole constituent un défi persistant en République démocratique du Congo (RDC). Si cette situation est principalement due à la trop faible couverture vaccinale dans le pays, la violence armée dans plusieurs régions aggrave la propagation de cette maladie très contagieuse et potentiellement mortelle, qui touche principalement les jeunes enfants. 

C’est le cas dans la province du Nord-Kivu, qui compte à elle seule plus d'un cinquième des 27.000 cas recensés dans tout le pays de janvier à fin mai. La zone de santé de Masisi, dans le Nord-Kivu, est l'une des nombreuses zones actuellement en épidémie, avec plus de 1.000 cas et quatre décès – des chiffres probablement en dessous de la réalité. Au cours de la même période, les structures soutenues par MSF dans trois aires de la zone de santé de Masisi ont traité 1.158 patients atteints de rougeole, dont 238 ont été hospitalisés à l'hôpital général de référence de Masisi.

« L'insécurité dans l'est de la RDC accroît le risque d'épidémies telles que la rougeole, mais rend également la réponse plus difficile. Pourtant, il est essentiel d'agir pour maîtriser l’épidémie » Helena Cardellach, coordinatrice MSF basée à Masisi.

L’insécurité alimente les épidémies

Située à une demi-journée de route de Goma, la capitale du Nord-Kivu, la zone de santé de Masisi se trouve dans l'une des régions les plus instables de la RDC. 

Ces derniers mois, elle a été le théâtre d'intenses combats entre le groupe rebelle M23/AFC et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) appuyées par les milices VDP/Wazalendo. La violence armée dans la zone a directement affecté MSF : depuis le début de l’année, l'hôpital général de référence de Masisi, soutenu par MSF, a été touché par des balles à plusieurs reprises, et deux employés de MSF ont été tués.

 « L'insécurité dans l'est de la RDC accroît le risque d'épidémies telles que la rougeole, mais rend également la réponse plus difficile. Pourtant, il est essentiel d'agir pour maîtriser l’épidémie », explique Helena Cardellach, coordinatrice MSF basée à Masisi. 

« Lorsque le M23/AFC a pris le contrôle de Goma en janvier, l'aéroport a été fermé », poursuit-elle. « Par conséquent, la principale voie d’acheminement des vaccins vers l'Est du pays a été fermée, et les stocks de vaccins, généralement acheminés par avion depuis Kinshasa, se sont épuisés. Pour mener à bien la campagne à Masisi, MSF a donc dû assurer l’acheminement et la fourniture de la grande majorité des vaccins et matériels médicaux nécessaires. »

Alors que la fermeture de l’aéroport réduisait les capacités de vaccination dans la province, les déplacements massifs de population dus au conflit ont, quant à eux, permis à la rougeole de se propager rapidement d'une communauté à l'autre. Dans la zone de santé de Masisi, les premiers cas signalés provenaient ainsi de Mweso, à plus de quatre heures de route.

« Nos équipes sont parfois arrivées dans des villages où la plupart des habitants avaient fui en raison des combats », poursuit Helena Cardellach. « Dans le même temps, d'autres zones où nous nous attendions à trouver peu de personnes étaient, elles, fortement peuplées en raison de l'arrivée récente de populations déplacées. Les affrontements incessants ont également compliqué l’accès à certaines zones. Il faut absolument que toutes les parties au conflit facilitent l'accès sécurisé des équipes médicales, des vaccins et d'autres fournitures essentielles. »

Au cours de la campagne de vaccination, MSF a également soutenu le ministère de la santé en mettant en place des systèmes de chaîne du froid pour conserver les vaccins à la température requise, en formant des équipes de vaccination et en menant des actions de sensibilisation auprès des communautés.

« Nous avons été confrontés à plusieurs défis logistiques », explique Sadiki Nzazimanye Aimable. « De nombreux centres de santé de la région n’ont pas de réfrigérateurs ou de glacières pour stocker les vaccins. Nous avons donc dû leur en fournir. Un centre de santé s'est même fait voler ses panneaux solaires, ce qui signifie qu'il ne peut de toute façon pas alimenter les réfrigérateurs. »

A Katale, Maman Dorcas, 35 ans, a amené son enfant au centre de vaccination après avoir entendu parler de la campagne par les agents de sensibilisation communautaire de MSF.

« Il y a deux semaines, l'enfant de ma voisine est tombé malade. C’était la rougeole. Cela m'a incitée à amener mes enfants ici. Et j'ai encouragé d'autres mamans à venir afin que leurs enfants soient protégés. »

Chaque enfant vacciné est un pas de plus vers l'immunité collective, mais il reste encore beaucoup à faire. Car pour éviter les épidémies de rougeole – l’un des virus les plus contagieux au monde – il est essentiel que 95% des enfants aient reçu deux doses de vaccin.

La lutte contre la rougeole reste une priorité pour MSF en RDC. En 2024, l'organisation a vacciné plus de 1,2 million d'enfants contre la maladie dans le pays et traité près de 30 000 patients.