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Transfer to the general referral hospital of Salamabila

Maniema : des défis persistants dans les soins pédiatriques à Salamabila

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À Salamabila, dans la province du Maniema, en République démocratique du Congo, la proportion d’enfants qui viennent consulter rapidement est faible. Les décisions parentales impactent directement la prise en charge de leurs enfants malades et il arrive qu’elles compliquent le travail du personnel soignant.

Les autorités sanitaires, avec l’appui de MSF, s’activent quotidiennement pour répondre aux besoins de la population, et en particulier, à ceux des enfants de moins de 15 ans. En 2023, plus de 116 000 enfants de moins de 15 ans ont été pris en charge dans les différentes structures de santé appuyées par MSF dans la zone de santé de Salamabila.

Berta (nom d’emprunt) vit à Kayembe, à une trentaine de kilomètres de la cité de Salamabila. Cette quadragénaire est mère de 12 enfants, dont deux ont moins de cinq ans. « Quand mes enfants ont des fièvres persistantes, je les amène chez un tradipraticien, en revanche, pour d’autres symptômes comme les vomissements, la fatigue, la pâleur, je me rends au centre de santé » confie-t-elle.

Comme Berta, d’autres parents restent convaincus de l’existence d’une distinction entre les maladies requérant des remèdes dits « traditionnels » et les autres maux pouvant être guéris par la médecine, au sein d’une structure de santé. Selon une analyse portant sur les comportements des parents lors de la recherche de soins pour leurs enfants de moins de cinq ans, et réalisée par les équipes de MSF dans la zone de santé de Salamabila, il ressort que certains parents, dans l’espoir d’augmenter les chances de guérison de leurs enfants, choisissent de combiner soins traditionnels et soins médicaux conventionnels.

" On constate aussi que certains parents ont administré par voie anale et rarement par voie orale des produits traditionnels aux enfants. Ces produits attaquent les organes vitaux des jeunes patients tels que le foie, les reins et le cerveau" Dr Anderson Noutsa, médecin superviseur pour MSF

Un défi de taille

Chaque semaine, environ 160 enfants sont admis au sein des différents services de l’hôpital général de référence de Salamabila comme aux soins intensifs, aux urgences, à l’unité nutritionnelle de traitement intensif (UNTI) pour les cas de malnutrition aigüe sévère, à la néonatologie, en isolement pour les cas contagieux et au service de la pédiatrie. On constate que les principales causes d’hospitalisations les concernant sont la diarrhée, les infections respiratoires, la malnutrition, la rougeole et le paludisme.

Avec une capacité de 37 lits, le service de pédiatrie accueille à lui seul une moyenne de 80 patients de moins de cinq ans par semaine. Le taux d’occupation frôle parfois 200 %. « Plusieurs de nos patients arrivent tardivement, dans un état de faiblesse assez grave. On constate aussi que certains parents ont administré par voie anale et rarement par voie orale des produits traditionnels aux enfants. Les parents n’ont pas conscience du danger que représente la consommation de produits pharmaceutiques mélangés aux substances traditionnelles. Ces produits attaquent les organes vitaux des jeunes patients tels que le foie, les reins et le cerveau. Dans ces cas, une prise en charge adaptée est toujours un défi ; ces enfants qui déjà arrivent tardivement et n’ont pas reçu de soins appropriés sont alors exposés à des insuffisances rénales, à des risques d’hémorragies internes, à la jaunisse, ou pire ils peuvent tomber dans le coma. Arrivés à ce stade, la plupart décède », déplore le Dr Anderson Noutsa, médecin superviseur pour le compte de MSF à l’hôpital. Durant les trois derniers mois de l’année 2023, sur les 105 enfants soignés par des produits traditionnels et qui ont été ensuite admis à l’hôpital, 73 sont décédés.

Des désertions néfastes pour les patients

Aux arrivées tardives et à l’absence de clarté quant aux produits administrés aux patients avant leur hospitalisation s’ajoutent aussi les désertions. Malgré la gratuité des soins, certains parents quittent l’hôpital avec leurs enfants, sans l’avis et à l’insu des équipes médicales.

Cares for Malonga Kaponda
Azama Kaponda vient de l'aire de santé de Matchapano, à trois heures de marche du centre de santé. Son fils de huit mois, Malonga Kaponda, est hospitalisé depuis quelques jours pour une diarrhée sévère. Sa mère a d'abord consulté l'agent de santé communautaire, qui lui a prescrit du zinc et du sérum oral. Le lendemain, la situation s'étant aggravée, l'enfant a été envoyé au centre de santé. Après l'évaluation de l'infirmière, Malonga a été transféré à l'hôpital pour y recevoir les soins appropriés.
Michel Lunanga/MSF

« Pour diverses raisons personnelles, certaines mères ou gardes malades sont pris d’impatience et quittent l’hôpital à l’insu du personnel lorsque le médecin prolonge le séjour pour les patients qui nécessitent une attention médicale supplémentaire. Le traitement jugé trop long, certains vont préférer poursuivre des traitements alternatifs à domicile, malheureusement, ces parents reviennent souvent avec leurs enfants présentant un tableau clinique beaucoup plus critique », ajoute Dr Anderson.

Pour protéger les patients et informer les parents sur les risques liés aux produits traditionnels, les équipes de promotion de la santé renforcent leur travail de sensibilisation dans les différentes structures de santé, auprès des communautés et avec le concours des radios communautaires. Les messages de sensibilisation encouragent les parents à adopter des pratiques qui sécurisent et favorisent une meilleure croissance de cette tranche de la population qui est encore plus vulnérable.