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Lucille Guenier

Lucille Guenier, Chargée de communication terrain dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri

Responding to war in Ukraine
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  • ​​​​​​Que retenez-vous de cette mission sur le terrain avec MSF?

Je n'avais jamais entendu parler du conflit en Ituri avant de venir en République démocratique du Congo. Ce que je retiendrai est ce que j’y ai vu  : les conséquences humanitaires de ce conflit. Les personnes déplacées vivent dans des conditions terribles. Des générations naissent et grandissent dans la violence, sans perspective d'amélioration. J'ai  souvent ressenti de la frustration face au désintérêt des mediavis-à-vis de  ce conflit qui s'enlise et des souffrances qu’il entraîne pour des centaines de milliers de personnes. Cela n’intéresse personne.  

  • Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir humanitaire ?Comment avez-vous géré cet éloignement de vos proches ? vous vous êtes sentie loin de la famille ?

J'ai toujours voulu faire de mon métier quelque chose qui a du sens pour les autres comme pour moi-même. A mon échelle : essayer de participer à rendre le monde meilleur. J'ai eu envie de devenir  humanitaire en septembre 2015, lorsque j'ai été bénévole pendant plusieurs semaines dans un camp de personnes réfugiées, juste en bas de chez moi, à Bruxelles (Belgique). La plupart d’entre elles venaient de Syrie et étaient venues en Europe pour  fuir la guerre. Cette expérience m'a beaucoup marquée. Au début de la pandémie de COVID19 en Europe, et pendant le premier confinement en mars 2020, j'ai été, comme beaucoup, ébahie par la tournure que prenaient les évènements et je me suis engagée. En mission, être loin de sa famille et de ses amis n'est pas tous les jours évident surtout quand il s'agit de partager de ce que l'on vit. Les mots semblent parfois ne pas suffire. Heureusement, même mauvaise  la connexion internet permet  rendre la distance plus facile à gérer. 

  • Quels ont été vos principaux défis ?

Il y en a eu beaucoup mais celui que je retiendrai est l'évacuation de la mission MSF de Goma, où nous étions basés, à la suite de  l'éruption du volcan Nyiragongo, le 22 mai 2021. J'ai eu peur des conséquences de cette catastrophe naturelle sur les habitants de Goma, peur pour mes collègues et leurs familles, jetés sur les routes à la recherche d’un abri. Cela a été  des semaines intenses au cours desquelles  il a fallu continuer à travailler malgré le stress, l'émotion et la fatigue. Ces épreuves fortes ont renforcé les liens avec mon équipe. Ce fut d’abord une expérience humaine.