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Kasaï : la réponse de MSF auprès des personnes expulsées d’Angola

Kasaï : la réponse de MSF auprès des personnes expulsées d’Angola

Responding to war in Ukraine
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Entre le 6 et 15 octobre dernier, près de 20 000 Congolais refoulés d’Angola sont arrivés à Kamako et dans les villages environnants dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, à la suite d’un ultimatum des autorités angolaises enjoignant les personnes vivant illégalement en Angola à quitter le territoire. Certains d’entre eux ont trouvé refuge dans des familles d’accueil.

Il s’agit des hommes, femmes, enfants et personnes âgées qui avaient, pour certains, vécu en Angola pendant des années avant d'être expulsés par les autorités angolaises.

Kasaï : la réponse de MSF auprès des personnes expulsées d’Angola
L'intervention de MSF auprès des personnes expulsées d’Angola.
MSF/

Face à cette situation, Médecins Sans Frontières (MSF) par l’intermédiaire de son Pool d’Urgence Congo, avait dépêché une équipe médicale dans sept aires de santé de la zone de santé de Kamonia pour assister ces personnes, dont certaines ont subi des traumatismes physiques et psychologiques suite à leur fuite dans des conditions parfois difficiles.

« 70% des personnes expulsées vivent toujours dans des églises ou les familles d’accueil à Kamonia et dans les villages environnants. 30% sont retournés vers leur localité d’origine. Les expulsés étaient parfois ramenés à la frontière dans des camions. D’autres par crainte de se faire dépouiller de leurs biens, avaient choisi de marcher dans la brousse. Ces personnes sont dépourvues de moyen de subsistance  et ont besoin d’une assistance autre que médicale », explique Raphael Kibwantiaka, responsable de l’intervention à Kamonia.

Répondre aux besoins en santé mentale

Les équipes de MSF travaillant dans les groupes de soutien psychologique à Kamonia ont observé des signes de traumatisme complexe et de dépression chez ces patients. Plusieurs font état d'une réaction de stress aiguë, de symptômes psychosomatiques dus à la distance parcourue, et d'anxiété liées à leur expulsion ou aux conditions de vie imprévisibles et violentes.

Kasaï : la réponse de MSF auprès des personnes expulsées d’Angola
L'équipe de MSF apporte des soins de santé mentale aux Congolais expulsés ayant subi des violences lors de leur fuite vers la RDC. 
MSF/

 Henri (nom d’emprunt), pasteur de 48 ans, a été expulsé de la province de Lunda Norte en Angola  en pleine séance de prière. Il a trouvé refuge dans une église de Kamako, en compagnie des quelques fidèles congolais qui ont également fui vers le Congo. 

« Le dimanche 3 octobre, j’étais dans mon église, en plein culte, lorsque les militaires Angolais sont entrés pour nous sommer de quitter le sol Angolais. J'ai pris la fuite avec quelques fidèles dans la forêt. Pendant une semaine, nous avons marché dans la forêt sans manger, jusqu’à ce nous atteignions un endroit appelé ponte move, près de la grande rivière Luangatshima. Nous avons péniblement traversé cette rivière pour atteindre la RDC. Ce fut une souffrance atroce : ma femme est décédée pendant cette fuite. Je n’ai plus rien avec moi, tous mes efforts de huit ans en Angola ont été anéantis en un clin d’œil », se désole Henri.

Comme lui, plusieurs expulsés reçus par nos équipes avouent avoir subi des violences lors de leur fuite vers la RDC. Certaines d'entre eux ont perdu leurs proches, tandis que d’autres sont rentrés chez eux dépouillés de leurs biens.

Sur place, MSF leur a apporté des soins de santé mentale. Entre le 18 octobre et le 16 novembre, plus de 323 personnes ont ainsi bénéficié d’un soutien psychologique.

Nous avons reçu de patients fatigués et très affectés par ces expulsions. Ils nous racontent des histoires parfois difficiles à entendre. Ils sont désemparés et certains ont perdu espoir », explique Corneille Kangangila, responsable de la santé mentale MSF dans la zone de santé de Kamonia

Les personnes expulsées d’Angola témoignent avoir été maltraitées à l'Angola à leur retour au pays. Beaucoup d’entre elles sont arrivées à Kamako de façon clandestine. Leurs besoins vont au-delà des besoins médicaux.

En plus du soutien psychologique, nos équipes ont soigné 1421 patients atteints du paludisme, 18 cas de violences sexuelles, 53 cas de trauma physique, 745 autres cas de soins de santé primaire et vacciné 4294 enfants refoulés contre la rougeole.