La République démocratique du Congo (RDC) est régulièrement confrontée à des épidémies de choléra. Pour réduire la propagation et éviter des flambées potentiellement mortelles, surtout pour les enfants en bas âge, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) mettent en place la stratégie dite « CATI » (Case-Area Targeted Intervention) qui combine simultanément plusieurs actions de prévention et prise en charge ciblées dans un rayon de 100m autour des cas. Si cette stratégie a été développée il y a déjà plusieurs années, la particularité de sa mise en œuvre par MSF en RDC consiste à inclure la vaccination dans le paquet d’activités implémentées rapidement après la détection des premiers cas. Elle s’ajoute aux autres piliers du CATI qui sont une chimioprophylaxie antibiotique, des interventions de promotion de l'hygiène et la distribution de kits d’hygiène. La vaccination va renforcer l’efficacité des CATI à couper la chaine de transmission tout en offrant aussi une protection plus durable contre la maladie aux personnes vaccinées.
Depuis la fin décembre 2022, une équipe de MSF intervient dans la zone de santé de Minova, au Sud-Kivu, où une épidémie de choléra a été déclarée en déployant l’approche « CATI ». Reportage dans l’aire de santé de Kiniezire, située à mi-chemin entre Bukavu et Goma, où la majorité des cas ont été enregistrés.
Reportage
A Kiniezire, après le paludisme, le choléra est la principale préoccupation sanitaire. Située au bord du lac Kivu et en contre-bas des hauts plateaux, la population est doublement exposée à la consommation d’eaux impropres, vecteur de transmission de la maladie. En l’absence de réseau de distribution d’eau potable et d’installations sanitaires suffisantes, les habitants utilisent l’eau du lac pour boire, nettoyer les aliments, se laver… Dans ce contexte, des cas de choléra surviennent régulièrement.
Au centre hospitalier de Kiniezire, MSF a installé une unité de traitement du choléra qui prend en charge les cas suspects. Une fois qu’un cas positif a été identifié, les équipes de MSF en collaboration avec les relais communautaires déploient l’approche « CATI » dans le ménage et dans l'entourage du ménage d’où provient le patient afin de réduire rapidement le risque de propagation de l’infection. Parallèlement aux actions menées auprès des familles directement touchées, des points d’accès à l’eau potable ont également été réhabilités à Kiniezire.
Ange, 13 ans, présentait des symptômes du choléra. Dès le lendemain de son admission à l’unité de traitement du choléra, l’intervention de riposte par les équipes de MSF débutait dans son foyer. Les neuf membres de sa famille ont été vaccinés. En prévention, et avant la vaccination, un antibiotique a également été administré à toute la famille ainsi qu’aux voisins les plus proches afin que si une de ces personnes avaient déjà été contaminées, elles ne développent pas des complications liées à la maladie.
Maman Bibishe, la mère d’Ange, a reçu un ensemble de produits d’hygiène - seau, eau de javel, lessive, balai, savon, jerrycan, aquatabs (comprimés à base de chlore pour désinfecter l’eau) – pour éradiquer le choléra dans son foyer et éviter de futures infections.
Des séances de sensibilisation sont également organisées au sein de chaque ménage dans un rayon de 100 mètres autour de l’habitation de Ange. Chaque séance débute par des explications sur les modes de transmission et les symptômes de cette maladie, dont les malades sont le plus souvent stigmatisés par la communauté. Ces moments d’échanges sont aussi l’occasion de rappeler les mesures élémentaires d’hygiène à observer pour limiter la contamination.
Félicité, originaire de Kiniezire, est sensibilisatrice communautaire. Elle fait partie d’une équipe de huit personnes en charge de mettre en place l’approche « CATI » dans les ménages identifiés comme « à risque » en raison de leur proximité avec un cas confirmé. Dans sa glacière, elle transporte des vaccins oraux contre le choléra qui doivent être conservés à une température entre 2 et 8 degrés.