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Les zones civiles ont été régulièrement bombardées et privés de secours. L’accès à la nourriture et aux soins reste très limité, en particulier dans les zones assiégées. Nombre d’hôpitaux font face à de graves pénuries de matériel et de personnel car beaucoup de soignants ont fui ou ont été tués. Le conflit a forcé plus de la moitié de la population syrienne à fuir. Selon le HCR, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, plus de 4,8 millions de Syriens ont fui à l’étranger et six millions sont des déplacés dans le pays. Beaucoup sont piégés dans des zones assiégées ou bloqués près des frontières avec les pays voisins.
Les structures médicales, leur personnel et les patients ont subi des attaques aveugles ou ciblées. En 2016, 32 d’entre elles soutenues par Médecins Sans Frontières (MSF) ont été bombardées ou pilonnées au cours de 71 attaques distinctes. Le 15 février, un hôpital soutenu par MSF à Ma’arat al-Numan, dans le gouvernorat d’Idlib, a été touché par quatre missiles. Vingt-cinq personnes ont été tuées et 11 blessées, dont des membres du personnel, des patients, des proches et des visiteurs. Le 27 avril, des frappes aériennes sur l’hôpital Al Quds, soutenu par MSF, et sur le quartier environnant de la ville d’Alep ont fait au moins 55 morts, dont des patients et des professionnels de santé. Selon la Commission sur la Syrie de l’Université américaine de Beyrouth, 814 d’entre eux ont été tués depuis le début de la guerre.
La présence directe de MSF est sérieusement entravée dans un pays où MSF devrait pourtant déployer l’un de ses programmes médicaux les plus importants. Malgré des demandes répétées, MSF n’a pas obtenu du gouvernement l’autorisation d’opérer en Syrie. De plus, l’insécurité a limité la capacité de MSF à fournir des secours dans les zones contrôlées par l’opposition. Après l’enlèvement puis la libération de membres du personnel de MSF par le groupe État islamique (EI) en 2014 et face à l’impossibilité d’obtenir des dirigeants de ce groupe les garanties de sécurité nécessaires, MSF s’est retiré des zones contrôlées par l’EI.
En 2016, MSF a continué d’opérer directement dans six structures médicales de régions contrôlées par d’autres forces d’opposition au Nord de la Syrie et à fournir une aide à distance aux réseaux médicaux syriens dans des zones où aucune présence directe n’est possible.

Gouvernorat d’Alep
Depuis 2014, MSF fournissait régulièrement du matériel médical à huit hôpitaux, six centres de santé et trois dispensaires de premiers secours à l’Est de la ville d’Alep. Toutefois, après le durcissement du siège par la coalition dirigée par le gouvernement en juillet 2016, ces activités ont été arrêtées. Depuis, une seule cargaison d’environ 100 tonnes de matériel médical a été livrée en août, lorsque des groupes d’opposition ont ouvert un accès temporaire à l’Est d’Alep. Même sans plus offrir d’aide directe, MSF reste en contact étroit avec les médecins et infirmiers avec qui nous avons travaillé à l’Est d’Alep. Ceux-ci ont témoigné de l’immense souffrance des habitants piégés dans la ville, où les quartiers civils, y compris les hôpitaux, ont été régulièrement touchés par des bombardements ou des pilonnages aveugles ou ciblés.
En décembre, le gouvernement syrien a pris le contrôle total d’Alep et des milliers d’habitants de l’Est de la ville ont été évacués vers des zones rurales des gouvernorats d’Idlib et d’Alep. Depuis, MSF déploie des cliniques mobiles et distribue des secours dans ces zones, où une campagne de vaccination a aussi été organisée.
Dans le district d’Azaz, au Nord d’Alep, MSF gère l’hôpital Al Salamah, de 34 lits, qui offre une vaste gamme de services, dont des consultations ambulatoires, hospitalisations, traitements d’urgence, chirurgie et soins maternels. Les patients qui requièrent d’autres traitements sont référés vers d’autres structures du district ou en Turquie. En 2016, l’équipe a mené 85 737 consultations ambulatoires, pratiqué 1598 interventions chirurgicales et admis 3692 patients.
Une reprise des combats à Azaz a entraîné le déplacement de plus de 35 000 personnes : en avril, plus de 100 000 déplacés étaient bloqués entre la ligne de front et la frontière turque. MSF a livré des secours et des kits d’hygiène à 4345 familles (26 070 personnes) et des tentes à 1330 familles. Un programme d’approvisionnement en eau et d’assainissement a été déployé dans un des camps informels à l’Est de la ville d’Azaz.
En juin, MSF a soutenu un programme élargi de vaccination (PEV) dans trois districts du gouvernorat d’Alep et a organisé deux campagnes de vaccination contre la rougeole.
Dans la région de Kobané/Ain al-Arab, au Nord de la Syrie, MSF collabore avec l’administration sanitaire locale depuis mars 2015 pour rouvrir les services de santé de base, rétablir les vaccinations, fournir des soins ambulatoires et développer des programmes d’aide psychologique. MSF soutient actuellement neuf unités de soins primaires, une maternité et deux hôpitaux. En 2016, cinq équipes ont été déployées dans 21 sites pour mener des programmes élargis de vaccination (PEV) et dépister les cas de malnutrition. Les structures soutenues par MSF ont assuré plus de 101 680 consultations ambulatoires et 138 interventions chirurgicales. Dans la zone rurale de Jarablus, MSF s’est associé à l’ONG turque AID pour soutenir trois centres de soins primaires.
Durant l’été, le déplacement des lignes de front et une offensive militaire ont poussé des civils à fuir Manbij pour s’établir près de l’Euphrate. MSF a intensifié son aide pour répondre aux besoins des déplacés et des communautés hôtes. Lorsque ces déplacés sont rentrés chez eux en août, ils ont découvert qu’un grand nombre de mines, pièges et autres engins explosifs avaient été posés dans la ville. En tout juste quatre semaines, un hôpital soutenu par MSF à Kobané a soigné plus de 190 patients blessés par des engins explosifs à Manbij.

Gouvernorat d’Idlib
À Atmeh, MSF gère toujours un hôpital pour brûlés de 20 lits, qui offre de la chirurgie, des greffes de peau, des pansements et de la physiothérapie, ainsi qu’un soutien en santé mentale, des soins d’urgence et des consultations ambulatoires. MSF administre aussi des vaccins et mène des activités d’éducation à la santé et de surveillance des maladies dans 180 camps et villages qui accueillent quelque 165 000 déplacés internes autour d’Atmeh. MSF assure en outre le suivi des patients qui nécessitent des traitements plus spécialisés en Turquie.
En 2016, l’équipe de MSF à l’hôpital d’Atmeh a assuré 2883 consultations d’urgence et pratiqué 3696 interventions chirurgicales. Quatre cent trente-neuf patients ont été admis en hospitalisation et 398 ont été transférés en Turquie pour des traitements supplémentaires. Dans les camps et les villages, l’équipe de MSF a administré plus de 118 000 doses de vaccins aux enfants de moins de cinq ans.
À Qunaya, MSF a intensifié son soutien à distance à l’hôpital régional de référence, en offrant du matériel et une supervision technique à tous les services. En 2016, l’hôpital a mené 105 168 consultations ambulatoires et traité 12 011 cas en hospitalisation. Les équipes ont aussi commencé à soutenir les activités de PEV dans les hôpitaux de Qunaya et de Darkoush. Au total, 53 341 vaccins ont été administrés.
Gouvernorat de Hasakah
Depuis 2013, les équipes de MSF dispensent des soins primaires centrés en particulier sur la santé maternelle et infantile et les maladies chroniques dans trois centres de santé, dont une maternité. Ces services s’adressent tant aux déplacés internes qu’aux communautés hôtes et aux réfugiés irakiens. Cette année, les équipes de MSF ont assuré 44 873 consultations générales, dont 8257 pour des enfants de moins de cinq ans. Au total, elles ont traité 951 patients souffrant de maladies chroniques et ont mené à 5598 consultations en santé génésique. Elles ont aussi assisté en moyenne 170 naissances par mois.
Soutien à distance aux structures médicales dans toute la Syrie
Depuis 2011, MSF soutient un nombre croissant de structures médicales dans certaines des zones les plus touchées par le conflit auxquelles les équipes n’ont pas directement accès. Ce programme est principalement géré à distance depuis des pays voisins et consiste en dons de médicaments, matériel médical et de secours, formations à distance pour le personnel en Syrie, conseils médicaux techniques et aide financière pour couvrir les frais de fonctionnement de ces structures. Dans les zones assiégées, la possibilité pour le personnel médical de s’appuyer sur le soutien clandestin de MSF est d’autant plus cruciale que le matériel médical essentiel est souvent retiré des convois officiels d’aide par les forces assiégeantes.
En 2016, 80 structures médicales en Syrie, notamment dans les gouvernorats d’Alep, Dara’a, Hama, Homs, Idlib, Quneitra et dans le Damas rural, ont reçu un soutien régulier. Ces structures ont assuré plus de 2,2 millions de consultations ambulatoires et 770 000 consultations aux urgences, ont pratiqué 225 000 interventions chirurgicales et assisté plus de 29 000 naissances. Toutes ces activités ne peuvent être attribuées aux seuls programmes de MSF : si certaines de ces structures sont exclusivement soutenues par MSF, beaucoup bénéficient d’autres sources d’aide. De plus, 80 autres structures médicales du pays ont reçu une aide médicale ponctuelle, notamment sous la forme de dons.

Interview d'Abu Huthaifa : chirurgien à Alep
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HISTOIRE DE L'ÉQUIPE
MÉDECIN DE MSF – Témoignage d’un médecin traitant qui travaille en tant que directeur, responsable des ressources humaines, chirurgien et médecin-chef au sein d’un hôpital soutenu par MSF près de Damas.
« Août a été le pire mois [ici] sur le plan médical. Des centaines de blessés viennent ici. Parfois, on doit se priver de sommeil pendant deux à trois jours. Ce mois-ci est incomparablement plus violent que les précédents. C’est le pire que j’aie jamais vu. Nous faisons de notre mieux. Nous essayons de sauver des vies, c’est ce qui nous aide à continuer. Nous ne pouvons rien faire contre le siège, c’est comme ça, nous nous battons juste pour notre survie. Bien sûr, il faut que je garde espoir, il y a toujours de l’espoir.
Notre communauté vit dans la peur et la dépression. On en voit partout. Chaque fois qu’il y a un bombardement ou qu’on entend un avion, tout le monde se précipite chez soi ou sous un abri. Le bruit d’un avion dans le ciel est absolument terrifiant. Il est difficile d’expliquer la situation que nous connaissons sur le terrain. Il faudrait que vous le voyiez de vos propres yeux pour comprendre, et même comme ça, ça resterait incompréhensible. Ce mois-ci, nous avons reçu énormément de blessés ; dans ces conditions, quiconque n’est ni blessé ni mort peut s’estimer heureux.
Sur le plan médical, nous avons dû nous habituer à cette situation, par exemple, nous rationnons les médicaments. Le rationnement est devenu une part importante de notre travail. On n’a pas le choix donc on essaye de s’en sortir avec ce qu’on a. Il y a trop de patients, trop d’histoires. Mais il y a un patient qui symbolise bien la folie de cette crise : un enfant que je n’oublierai jamais. Il avait des blessures partout sur son visage, ses bras, ses jambes… et pourtant, il riait ! Il n’arrêtait pas de rire. Généralement, les enfants ont peur des piqûres et des aiguilles, mais lui non. Il ne cessait de rire, à propos de tout. »