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Rohingya refugees in Bangladesh
Rapport International d’Activités 2017

Voix du terrain

Responding to war in Ukraine
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Poppy Makgbatlou, Afrique du Sud

« Pendant 29 ans, j'ai subi les violences physiques et psychologiques de mon mari. »

« Je suis restée parce que, dans notre culture, nous respectons les vœux de nos parents, et ma mère se serait sentie humiliée si je l'avais quitté. En 2014-2015, j'ai perdu ma mère, ma sœur et mon frère. Mon univers s'est écroulé, je ne pouvais plus faire face à ce qui se passait à la maison mais je n'avais nulle part où aller.

Dans les rues de Boitekong, j'avais rencontré Rosina, une soignante de MSF qui m'avait parlé des services pour les victimes de violences conjugales au centre de soins Kgomotso. J'ai emprunté 20 rands (1,70 USD) et j'ai pris un taxi jusqu'au centre. Là, j'ai été conseillée puis amenée dans un abri pour femmes et enfants vulnérables.

Maintenant, je me sens forte et prête à quitter l'abri. Si une femme battue entend mon histoire, je veux qu'elle sache qu'avant, je cachais mes problèmes mais que si vous ne demandez pas de l'aide, cela peut vous tuer de l'intérieur. Aller à la clinique et en parler à un psychologue m'a sauvé la vie. »

Kgmotso Care Centre

Yassin, de Syrie, arrivé en Allemagne

Yassin est marié et a neuf enfants. Sa famille a fui Alep il y a quatre ans, en quête d’une existence paisible. Elle a transité par la Syrie, le Liban, la Turquie et l’UE.

À Athènes, un médecin de MSF qui soignait la femme de Yassin pour des troubles mentaux lui a dit qu’il avait aussi besoin d’aide. Yassin et sa famille vivent maintenant dans le centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Schweinfurt.

« Aujourd’hui, je sais que la santé mentale est importante mais, à l’époque, j’hésitais. En Syrie, les gens pensent que celui qui va chez un psychologue est fou. Mais j’ai compris que j’avais besoin d’aide.

Parler avec les conseillers d’ici me fait du bien. Cela m’aide de me sentir écouté. J’aimerais apprendre l’allemand et travailler à nouveau comme chauffeur de camion. Mais ce n’est pas facile pour moi. Ces derniers temps, je perds beaucoup la mémoire et je suis confus. »

counselling session, Schweinfurt

Yury, Bélarus

“Mon médecin m'a dit, ‘C'est ta dernière chance’”

Yury est âgé de 38 ans. Il est le premier patient à avoir terminé son traitement. Il était suivi dans le programme tuberculose que MSF gère au Bélarus en étroite collaboration avec le ministère de la Santé.

Yury a appris qu'il était malade en 2013. "Je me sentais faible, je perdais du poids. Puis j'ai eu de la fièvre. Je me suis rendu à la policlinique, pensant qu'il s'agissait d'un simple rhume". Lorsqu'il a appris la maladie dont il souffrait, Yury avait trop peur d'en prononcer le nom. Il craignait moins pour sa vie et sa santé que la réaction des autres. "Je pensais que c'était la fin de tout, que tout le monde me tournerait le dos."

Lorsque MSF a ouvert son programme de traitement en 2015, Yury luttait depuis deux ans contre la maladie et avait été diagnostiqué avec une TB ultra-résistante. "Mon médecin m'a dit, 'C'est ta dernière chance'. J'allais de plus en plus mal". Yury a immédiatement accepté d'être mis sous traitement avec MSF. "Mon état s'est tout de suite amélioré. Je ne me sentais pas mieux et n'avais pas d'appétit, mais les tests, les radios - tout le monde était surpris ! Dès le mois d'octobre, mes tests étaient négatifs ! J'étais guéri."

"Au bout de deux ans, vous en avez marre. Mais que faire ? Sans ce traitement, je ne serais pas là à discuter avec vous."

‘My doctors told me – this is the only chance’ - First Patient Finishes Treatment at MSF's TB Project in Belarus

Femme non identifiée, Libye

« Je ne connais pas son nom et j'ignore si elle est encore en vie », raconte le reporter-photographe Guillaume Binet, qui a obtenu un accès rarissime à plusieurs centres de détention en Libye.

« Elle faisait partie d'un groupe de femmes détenues dans un centre de détention à quelque 60 kilomètres à l'ouest de Tripoli. Ces femmes avaient été interceptées en mer par les garde-côtes libyens alors qu'elles tentaient d'atteindre l'Europe.

Beaucoup étaient gravement brûlées aux jambes. De l'eau de mer était passée par-dessus les bords de leur canot pneumatique et avait réagi au contact du carburant qui stagnait au fond du bateau où les femmes étaient assises.

Je ne sais pas ce qu’est devenue la femme avec le foulard rose. Mais sans les soins médicaux dont elle avait désespérément besoin, je doute qu'elle soit encore en vie. »

Detention Centres - Tripoli, Libya

Arzubay, Ouzbékistan

Arzubay, 24 ans, a terminé un traitement court contre la tuberculose résistante en septembre 2014. Il ne présente plus aucun signe ni symptôme de la maladie mais se souvient du moment où il a appris le diagnostic.

« Je ne voulais pas y croire. Je voulais ignorer les résultats de la radio. Je me disais que j'avais dû faire entrer de l'air dans mes poumons pendant la radio. J'ai donné deux fois un échantillon d'expectorations [fluide des poumons] au laboratoire pour analyse.

Quand les médecins ont confirmé le diagnostic, je ne pouvais plus ignorer. L'équipe médicale m'a expliqué le traitement court simplifié et m'a dit que je répondais aux critères. J'ai commencé en septembre 2013.

J'étais si content qu'on me propose ce traitement car je connaissais des gens qui peinaient avec un traitement de deux ans et les effets secondaires, et d'autres qui n'avaient plus d’option de traitement. De plus, neuf mois, ce n'était pas si long et cela ne m'a pas empêché d'aider ma famille dans les tâches quotidiennes. Je n’ai pas eu à choisir entre aider ma famille et guérir. »

Dr Innocent, République démocratique du Congo

Vous pensez qu'il est difficile de devenir médecin ? Essayez d'imaginer que vous exercez dans une zone de conflit, dans l'une des régions les plus dangereuses et les plus isolées de RDC.

Les parents du Dr Innocent étaient illettrés. Mais ça ne l'a pas empêché d'avoir des rêves. Aujourd'hui, il a seulement 32 ans, il est déjà médecin et il est le premier congolais à gérer une équipe d'urgence de MSF au Sud-Kivu, l'une des provinces les plus instables du Congo.

Video

Comment Dr Innocent est devenu médecin en RDC

MSF/Marta Soszynska

BM,* République démocratique du Congo

BM a deux enfants de deux et quatre ans. Ils ont été blessés par balle et admis aux urgences de l'hôpital général de référence de Masisi.

« Nous habitons un village du territoire de Walikale. Une nuit, j'ai vu des hommes armés dans ma maison – J'ignore comment ils sont entrés. Dès que je les ai vus, j'ai saisi mes deux plus jeunes et ai tenté de m'abriter sous le lit.

Mon fils de huit ans a essayé de faire de même mais les hommes lui ont tiré dessus. La balle l'a atteint en pleine poitrine et il est tombé à côté du lit, mort.

Ils ont tiré en direction du lit où nous nous cachions. Mes fils de deux et quatre ans ont été blessés.

J'ai crié : « Vous me tuez, moi et tous mes enfants ». Et ils ont répondu : « Tout ce que vous avez à faire, c'est mourir! ».

J'ai marché une heure avec mes enfants jusqu'au dispensaire. Là, une ambulance de MSF nous a conduits à l'hôpital général de référence de Masisi, qui a soigné mes enfants. Ils vont un peu mieux maintenant. J'espère qu'ils pourront oublier ce moment tragique. Pour l’instant, ils n'en ont pas parlé. »

*Prénom modifié

Bakhtilie Akhmadullova, Ukraine

Bakhtilie Akhmadullova a 73 ans et vit à Granitne, un village sur la ligne de front à l'est de l'Ukraine. Ses deux fils et leurs familles ont dû abandonner leurs maisons après que des tirs de mortier aient détruit les toits.

Avec l'aide d'organisations de la société civile, ils reconstruisent lentement leurs maisons mais Bakhtilie dort toujours dans ses vêtements, de peur que de nouveaux tirs ne les forcent à se réfugier dans leur cave étroite et sombre.

En 2015, après d’intenses bombardements, la voix de Bakhtilie a commencé à s'érailler, devenant faible et rauque. Elle ne comprend pas pourquoi. Bakhtilie souffre aussi d'hypertension et pour prévenir une aggravation de son état, les médecins et infirmiers d’une des cliniques mobiles de MSF lui fournissent gratuitement des conseils et des médicaments. Ils visitent ce village deux fois par semaine.

Primary health care in mobile clinics - Mariupol

Joël,* Zimbabwe

Joël a reçu un traitement pour sa maladie mentale mais fait encore face à de nombreux défis.

Joël était agent d’entretien dans une entreprise de Harare lorsqu’il est brusquement devenu très violent au travail. Il a été conduit à l’hôpital et admis en psychiatrie.
Lorsqu’il a repris le travail, il a compris que ses collègues savaient qu’il avait été hospitalisé en psychiatrie. Ils ont commencé à le regarder de haut. Joël s’est senti stigmatisé et a fini par démissionner.

« La stigmatisation reste courante dans la communauté, même sur le lieu de travail », dit-il. « Je vois toujours des personnes atteintes de troubles mentaux dans la communauté et cela me peine de savoir qu’elles n’ont pas reçu l’aide et le soutien dont j’ai bénéficié. »

Malgré sa formation de soudeur, il ne trouvait pas d’emploi parce que personne ne voulait embaucher quelqu’un qui avait souffert d’une maladie mentale. Il a fini par en trouver un, grâce aux lettres de recommandation d’un psychiatre.

Joël continue de prendre son traitement et son état est stable maintenant.  

« J’aimerais appeler le gouvernement à aider les personnes atteintes de troubles mentaux pour qu’elles puissent lancer des projets générateurs de revenus », dit-il. « Avec un travail, elles resteront actives et éviteront d’abuser de substances qui peuvent les faire rechuter. »

*Prénom modifié

Harare Central Hospital Psychiatric Unit
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